1957 Marcel Miracle naît dans le village de Moramanga à Madagascar, socle du continent mythique de Gondwana. Il y retournera plusieurs fois, en particulier pour y être initié à la pratique divinatoire du sikidy. De ces retrouvailles est né son nom d’artiste, anagramme de celui qui lui a été donné sur l’île et qui veut dire arc-en-ciel
1960 Après le retour de sa famille en France, Marcel connaît le bonheur paisible d’un enfant laissé libre d’observer ce qui vit et ce qui a vécu dans la campagne de Franche-Comté : les herbes, les insectes, les oiseaux et les pierres. Il a la nature dans la peau. Bientôt, les livres lui donneront les mots pour la lire, la comprendre et l’installer en lui comme sa muse, objet de prose, de poésie ou de dessin. Dessiner, écrire, le jeune Marcel ne voit pas d’autres occupations aux passions qui l’ont saisi.
1975 Déniant aux Beaux-Arts la faculté d’orienter sa main et son esprit, il choisit plutôt d’étudier la géologie à l’université de Besançon. L’âge de la terre, sa physique et sa chimie sont un nouveau savoir sur la nature, une façon de la penser qui deviendront l’un des socles de son œuvre en devenir.
1981 C’est aussi un gagne-pain : après un stage dans une compagnie de prospection minière, Marcel est affecté à une plateforme de forage dans le désert libyen. L’expérience est rude mais utile : le diagraphiste qu’il est devenu par métier a acquis la précision et la finesse du dessin. Et le promeneur qu’il a toujours été a jeté ses grands pas dans l’immensité du désert, ce monde faussement vide, habité de toutes les traces de l’histoire humaine, dont l’artiste fera son atelier.
1986 Le milieu pétrolier manquant décidément de douceur, Miracle rentre en France. Il épouse Maryse, future photographe du désert, avec laquelle il a un fils, Charles, et des affinités secrètes toujours renouvelées.
1990 Après quelques mois en France, le couple s’installe à Lausanne où Marcel a trouvé un poste d’instituteur. C’est là que soirées après soirées, quand l’école est finie, il jette sur le papier des dessins, des collages, des poèmes qui s’accumulent dans des valises, attendant mais sans hâte que se produise ce moment d’échange avec quelqu’un qui regarde, voie et dise publiquement ce qu’il pense.
1993 Le flot continuel de cette création solitaire rencontre l’œil qui voit et la bouche qui parle en la personne de l’artiste ivoirien Frédéric Bruly Bouabré, alerté par le frère de Marcel, le collectionneur d’art africain André Magnin. Le vieil Ivoirien reconnaît en Marcel un frère en art et le lui dit. Marcel en perd les doutes qu’il gardait encore. Des années plus tard, la lettre que lui adresse Bouabré le conforte dans sa légitimité d’artiste.
1996 Dès lors, il se sent symboliquement autorisé à se consacrer à son œuvre et à se montrer. Expositions et publications se succèdent régulièrement, en France, en Suisse et ailleurs, avec des jalons importants : « Essai de définition du monde » (2002), « Débris et bruits » (2006), « Visions de Thamühl » (2008), « Au-delà Lisboa » (2009), « Un homme qui dort » (2012), « Leiris & Co » (2015) …
2015 Il quitte précocement l’enseignement lausannois pour avoir son temps à lui. Désormais, il partage sa vie avec Maryse entre Lons-le-Saunier, dans le Jura, et l’oasis de Ksar Ghilane au Sud tunisien, où le couple s’est créé un refuge. Un sac de crayons de couleurs et quelques feuilles suffisent au bagage de cet artiste nomade, à la fois prolifique et austère, qui sait vivre n’importe où s’il y a des débris à ramasser pour ses collages et des corbeaux avec lesquels engager des conversations poétiques.